Le projet Massargues

La découverte du site

Il y a un peu plus d’une quinzaine d’années, à quelques kilomètres au nord de Saint-Quentin-la-Poterie, un jeune archéologue découvre sous une végétation de garrigue​ très dense de vastes ruines de maisons médiévales des XIIe et XIIIe siècles. Le Service Régional de l’Archéologie (SRA-DRAC) accorde une campagne de « fouille probatoire » en 2018 afin d’estimer le potentiel de ce site jusqu’alors inédit, oublié de la mémoire collective. L’association L’Uzège s’associe pleinement à cette campagne et porte désormais à l’échelle locale les recherches à venir sur ce qui s’avère être l’un des sites archéologiques majeurs du pays médiéval d’Uzès. Parallèlement, une relecture du dossier historique (étude des textes anciens) a permis d’identifier ce site ainsi nommé Massargues (Marsanicis, autrement appelé Villa-Sicca ou Villesèche), qui n’était pas un village, mais un véritable bourg dont la création est en lien avec la cité médiévale d’Uzès en formation.

Le contexte historique de sa fondation

Vers la charnière des XIe-XIIe siècles, la « gouvernance raisonnée » de l’Evêque d’Uzès, qui associe étroitement les familles nobles de cette cité, contrôle un vaste territoire qui va du Gardon à la Cèze (ancien diocèse civique d’Uzès), pays relativement « enclavé », distant des principales voies de communication de l’époque (vallée du Rhône, voie littorale, voie Alès-Nîmes). C’est alors que dans le cadre d’un renouveau économique du pays d’Uzès, le comte de Toulouse fonde une villeneuve – Massargues – aux abords de l’ancienne cité uzétienne, sur un probable axe économique majeur traversant d’est en ouest le vaste plateau du pays d’Uzès, afin de relier la vallée du Rhône au pays cévenol. Au XIIIe siècle, Massargues est nommé le « quarton de Raymond » (du nom de la maison Raymondine à Toulouse), soit l’un des quatre quartiers d’une ville alors multipolaire : Uzès.

Les premières données des fouilles probatoires de 2018

Les premières données des fouilles probatoires de 2018 permettent d’entrevoir à Massargues un bourg d’environ 3 hectares, divisé en îlots selon un véritable plan d’urbanisme, et situé derrière un long mur de clôture, ville nouvelle d’un pôle économique regroupant dans son territoire carrière de meules de portée extrarégionale et vaste centre de production potière de Saint-Victor-des-Oules.

La poursuite du travail de fouille à Massargues va fournir à l’archéologie une chance unique d’examiner le « phénomène urbain médiéval », puisqu’il s’agit d’un « site clos », abandonné pour toujours et brusquement vers la fin du XIIIe siècle qui n’a pas été masqué par un urbanisme plus récent.

Les fouilles de l’ex-ville nouvelle ouverte à la curiosité des archéologues du XXIe siècle devront apporter des éléments précieux pour comprendre les raisons obscures de cet abandon, la place de Massargues dans le paysage administratif et économique de l’ancien diocèse civique d’Uzès, son mode d’organisation urbanistique et la fonction sociale de ses habitants (artisans, notaires, etc. ?) qui pourrait être liée à l’essor d’une première forme de bourgeoisie rivalisant avec les fiefs nobles environnants.